Crevettes nordiques – état des lieux pour 2015 et attentes pour 2016
Comme précédemment indiqué dans Seafood Insight, le marché des crevettes nordiques a connu quelques années difficiles en raison de la réduction des quotas, d'une disponibilité en baisse et, par voie de conséquence, d'une augmentation régulière des prix. Mais, quelle est la situation actuelle sur le marché, alors que l'année touche à sa fin et quelles sont les perspectives pour 2016 ?
Une atmosphère attentiste sur le marché
Les prix des crevettes nordiques étaient plus élevés qu'auparavant pour les ventes de Noël en 2014 et ont continué de grimper tout au long de l'année 2015, en raison d'une disponibilité limitée et d'une forte demande. Toutefois, la saison de la pêche canadienne étant arrivée à son terme au début de l'automne, l'augmentation des prix a stagné et la courbe s'est aplatie, ce qui pourrait indiquer que le prix a trouvé un équilibre entre l'offre et la demande. En même temps, la demande a atteint un niveau élevé et semble s'être établie au niveau actuel. Du fait des prix élevés, certains distributeurs et transformateurs industriels commencent à trouver des solutions pour remplacer les crevettes nordiques dans leurs produits, par exemple en utilisant des crevettes d'eaux moins froides, meilleur marché, dans les sandwichs.
Des signes avant-coureurs de fortes ventes pour Noël
Outre les produits de substitution, certains acteurs du marché cherchent à réduire leurs stocks en prévision d'un changement de la situation de la disponibilité, et par conséquent des prix, avec les quotas 2016 pour la pêche groenlandaise et canadienne. Henrik Thune Cordsen, Gestionnaire de catégorie pour les crevettes chez Royal Greenland indique : « Les ventes à venir pour Noël semblent prometteuses. Nous devrions constater un déclin relatif du volume annuel du fait des prix relativement élevés. Toutefois, les crevettes sont un ingrédient essentiel de nombreux menus et réveillons de Noël, en particulier au Royaume-Uni et en Scandinavie, et nous pensons que les clients les privilégieront encore, même si elles sont plus chères que par le passé. En même temps, nous constatons que nos clients font des réserves pour Noël ». Il détaille : « Nous ne pensons pas que le prix des crevettes nordiques est tellement élevé que cela les écarte du marché, mais plutôt que la demande a atteint un plafond et que le prix s'est fixé au niveau qui correspond à la qualité du produit. Les crevettes nordiques ne sont pas, et ne devraient pas être, un produit de grande consommation, mais plutôt appartenir à la catégorie des biens que l'on achète principalement pour des occasions spéciales. Dans ce sens, l'offre et la demande ont entraîné une rapide adaptation des comportements des clients et des consommateurs à cette nouvelle situation de marché ».
Les attentes pour 2016
Récemment, le Greenlandic Institute for Natural Resources (organisme indépendant regroupant des chercheurs et des biologistes qui conseillent le gouvernement du Groenland) a publié ses recommandations pour la pêche à la crevette nordique pour l'année 2016. L'étude montre que les réductions des quotas au cours des dernières années ont porté leurs fruits et que la biomasse des crevettes au Groenland occidental augmente. De plus, il semble qu'il y ait un volume assez large de nouvelles recrues (petites crevettes) sur la voie de la pêche. De ce fait, l'institut recommande que le Gouvernement du Groenland augmente les quotas pour 2016.
C'est exactement ce qui s'est passé quand le Gouvernement du Groenland s'est réuni à la mi-novembre pour déterminer les quotas groenlandais pour 2016. Le Gouvernement a fixé les quotas pour le Groenland occidental à 85 000 T, alors qu'il était de 73 000 T en 2015. Cela reste toutefois inférieur de 5 000 T aux recommandations maximales de l'Institute of Natural Resources.
En ce qui concerne les quotas canadien pour 2016, on s'attend actuellement à ce qu'il soit fixé sous les niveaux de 2015. Toutefois, dans l'attente des conseils biologiques pour le Canada, cela doit encore être établi.
Maintenir la durabilité de la pêche
L'augmentation des quotas groenlandais conduit de nombreuses personnes à penser que les prix vont à nouveau chuter car la disponibilité risque d'augmenter légèrement. Toutefois, Henrik Cordsen, Gestionnaire de catégorie, appelle au calme : « L'augmentation des quotas au Groenland occidental est relativement faible et nous ne savons pas si le stock actuel continuera d'augmenter ou si c'est juste un pic temporaire. C'est la raison pour laquelle la situation de la disponibilité devrait rester identique à 2015 l'année prochaine, et il en va de même pour les prix. Par dessus tout, nous voulons que la pêche reste durable ».
Rester durable
Dans leur rapport, les biologistes appellent à la prudence : « L'Institute of Natural Resources n'est pas en mesure d'expliquer complètement comment l'augmentation de la biomasse est déterminée par des facteurs environnementaux et écosystémiques inconnus. Les crevettes font partie d'un écosystème complexe, dans lequel le cabillaud [prédateur des crevettes] joue un rôle, mais qui est également affecté par divers facteurs biologiques, chimiques et physiques, par exemple les changements de température des océans ».
C'est aussi la conclusion à laquelle est arrivé l'International Cold Water Prawn Forum à Copenhague, où Carsten Hvingel, scientifique au sein de l'Institute of Marine Research norvégien, a averti que des hausses de débarquements dans la Mer de Barents et au Groenland pouvait bouleverser un équilibre délicat dans les écosystèmes. Ces derniers sont déjà sous pression du fait des changements de température de l'eau, ce qui rend l'environnement plus propice au cabillaud qu'aux crevettes. Il s'en suit qu'à long terme, et en dépit du pic actuel, les prises dans l'Atlantique Nord devraient toujours diminuer.
Pour plus d'informations sur les conseils biologiques pour le Groenland en 2016, consultez la page suivante ou accédez ici [http://www.royalgreenland.com/uk/Our-company/Press/News/Single-news.aspx?Action=1&NewsId=865&PID=8259] pour découvrir les facteurs qui ont un effet sur la biomasse des crevettes au Groenland